Norbert Neuvy fondateur de Nicotine World
Retrouvez Norbert Neuvy, fondateur de Nicotine World et expert des produits de la vape ainsi que des alternatives sans fumée et sans tabac depuis 15 ans. Dans cette interview, il discute de la réglementation des sachets de nicotine en France, aborde les défis rencontrés et propose des mesures pour sécuriser ce marché prometteur jouant un rôle important dans la lutte contre le tabagisme traditionnel.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Norbert Neuvy, et je suis le fondateur de Nicotine World. Pendant près de 25 ans, j’étais ce que l’on pourrait qualifier un « gros fumeur », consommant jusqu’à deux paquets de cigarettes par jour. Toutefois, mon histoire avec le tabac prend fin en 2008, lors d’un voyage en famille aux États-Unis où j’ai découvert la cigarette électronique. L’innovation de ce dispositif m’a aidé à arrêter le tabac presque du jour au lendemain, ce qui m’a permis de prendre conscience du potentiel de la nicotine dans le sevrage tabagique.
Cette prise de conscience m’a incité à explorer d’autres alternatives sans fumée, notamment les sachets de nicotine qui avaient déjà prouvé leur efficacité en Suède.
En 2021, je crée donc « nicopouches.fr » afin de commercialiser ces produits en France et proposer des alternatives nicotinées plus saines aux personnes voulant sortir du tabac.
2 ans plus tard, en raison des stéréotypes et polémiques entourant la nicotine, je lance Nicotine World. Cette nouvelle plateforme vise à clarifier les faits sur cet alcaloïde, à dédiaboliser son utilisation, et à encourager des débats éclairés et constructifs sur les alternatives au tabac fumé.
Notre mission est également de collaborer avec les pouvoirs publics dans la lutte contre le tabac, en proposant des solutions basées sur une approche responsable de la nicotine. En effet, si la nicotine est certes addictive, elle reste un outil efficace pour le sevrage tabagique et mérite une réglementation judicieuse plutôt qu’une interdiction.
Comment percevez-vous l’évolution du marché des sachets de nicotine en France ?
Lorsque fin 2020 nous nous intéressons aux sachets de nicotine, le marché n’existe pas en France…ou alors de manière très embryonnaire.
Depuis l’ouverture et la mise en ligne de notre site nicopouches.fr en 2021, nous constatons mois après mois une évolution positive et comptons de nouveaux utilisateurs qui sont séduits par ces nouveaux produits. Pour nous, cela n’a rien d’étonnant : la prise de conscience croissante des risques associés au tabagisme conduit de facto le consommateur à rechercher des produits alternatifs moins nocifs et les sachets de nicotine en font partie. Ce sont des produits discrets et d’une efficacité redoutable pour contrer l’envie de fumer ou de vapoter là où c’est interdit.
Mais l’expansion de ce marché n’est pas propre à la France, nous constatons également cette augmentation dans de nombreux pays européens et en l’occurrence en Suède.
La Suède est le 1er pays au monde en passe d’être considéré comme un pays non-fumeur et où la prévalence tabagique avoisine les 5%, tandis que la France stagne depuis plusieurs années aux alentours des 25%.
La Suède a depuis longtemps axé sa prévention sur les produits alternatifs tels que les sachets de nicotine et elle peut aujourd’hui s’enorgueillir d’être passée de 15% de fumeurs en 2008 à 5%. Pour nous, c’est un exemple à suivre.
Comment percevez-vous la réception des sachets de nicotine par les consommateurs en France ces dernières années? Avez-vous remarqué des évolutions dans les tendances de consommation ?
Nous avons pu constater durant ces 4 années que les sachets de nicotine ont gagné en popularité dans de nombreux pays et notamment en France. Il y a plusieurs raisons à cela mais, je pense, surtout en raison de leur efficacité, leur praticité et leur discrétion d’utilisation par rapport aux produits du tabac traditionnels comme les cigarettes.
Même si les données spécifiques sur l’adoption des sachets de nicotine sont encore limitées, nous pouvons nous attendre à ce que leur popularité augmente en raison de l’intérêt croissant des consommateurs pour les alternatives au tabac fumé.
Au niveau des tendances de consommation et des raisons pour lesquelles nos clients utilisent les sachets de nicotine il y en a principalement 3. Trois tendances que nous constatons aujourd’hui.
- Tout d’abord, une grande partie de nos clients consomment ces produits pour diminuer ou arrêter leur consommation tabac.
- Ensuite nous trouvons les clients consommant ces produits de manière ponctuelle et cherchant à combler leur besoin nicotinique lorsque l’interdiction de fumer ou de vapoter est de rigueur, (lieux publics, transports en commun, bureaux, réunions, avion, etc…).
- Enfin une troisième catégorie rassemble les sportifs qui trouvent au travers de ces produits un moyen de gérer leur stress et leur anxiété avant une compétition ou un entraînement intensif mais aussi un moyen d’améliorer leur concentration et leur vigilance.
Quelles sont les réglementations actuelles concernant ces sachets de nicotines et quels sont les avantages et inconvénients ?
Concernant la France on ne peut à ce jour parler de réglementation au sens strict du terme. En effet, ces produits sont nouveaux sur le marché et les autorités n’ont pas encore statué sur ces derniers.
Il est pourtant important et primordial de le faire. Réglementer un produit c’est le reconnaître.
Aujourd’hui la « non réglementation » permet de communiquer auprès des fumeurs sur l’existence de ces nouveaux produits et la possibilité qu’ils ont de découvrir cette nouvelle alternative efficace…ce qui est un avantage.
Mais sans réglementation nous laissons aussi la porte ouverte à certains produits qui ne répondent pas aux bonnes pratiques que nous désirons voir apparaître sur ce segment.
Quelles types de réglementations pourraient être prises afin de rendre le marché des sachets de nicotine plus sûr ?
Afin de ne pas constater les dérives qui touchent aujourd’hui le monde du vapotage ,notamment avec les puffs, il serait judicieux d’évaluer cette alternative nicotinique de substitution de manière sérieuse tout en l’encadrant clairement et strictement. Cela pourrait se faire à travers
- une vente interdite aux mineurs,
- un taux de nicotine maximum inférieur à 20mg par sachet,
- un étiquetage axé pour les adultes fumeurs avec un avertissement sanitaire,
- une interdiction stricte de visuels ou de langage destiné à la jeunesse.
Il nous semblerait également raisonnable d’encadrer la qualité des produits en imposant des normes strictes sur la qualité des ingrédients utilisés lors de la fabrication des sachets de nicotine (nicotine de grade pharmaceutique, arômes de qualité alimentaire, etc…).
Si nos gouvernants et décideurs veulent mener une politique anti-tabac efficace il faut qu’ils encouragent les fumeurs à quitter la cigarette en offrant à ces derniers des alternatives nicotiniques efficaces et de qualité. Cela permettrait non seulement de réduire considérablement les incidences du tabagisme mais également les maladies et les décès liés au tabac. Pour rappel, le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable : 75 000 morts / an en France ce qui représente 200 décès par jour directement liés au tabac.
Il est donc pour nous essentiel de ne fermer aucune porte à un fumeur qui veut quitter la « cigarette de tabac ». Alors oui, une réglementation est nécessaire et nous appelons à un vrai débat parlementaire sur la place des sachets de nicotine dans la lutte contre la prévalence tabagique. Une mission d’information pourrait permettre d’organiser ce débat, nous sommes prêts à endosser ce rôle si cela peut créer un cadre légal.
Comment les consommateurs perçoivent-ils le rôle des vendeurs et distributeurs de sachets de nicotine dans leur processus d’achat et d’utilisation de ces produits ? Estiment-ils qu’une formation accrue des vendeurs serait bénéfique pour leur expérience d’achat et leur santé ?
La perception des consommateurs peut effectivement varier en fonction de plusieurs critères. Concernant le rôle des vendeurs et distributeurs de sachets de nicotine, les consommateurs seront sensibles à leur niveau de connaissance des produits ainsi qu’aux informations et conseils dispensés.
Ils peuvent également apprécier la capacité des vendeurs à répondre à leurs questions et à les accompagner dans leur choix. Indéniablement, le vendeur est vu par le consommateur comme le « référent » dans le processus d’achat et le processus d’utilisation des produits. Une formation accrue des vendeurs nous semble donc bénéfique pour améliorer l’acte d’achat et l’expérience client mais également pour accroître leur compréhension des produits et par la même faire la promotion d’une utilisation responsable de ces produits.