Dans une interview accordée récemment, Thomas Ericsson, créateur du sachet de nicotine, nous expliquait comment il a oeuvré toute sa vie pour créer des alternatives à la cigarette, afin de réduire l’impact du tabac sur la santé.
Pour lui, son bonheur est de rencontrer les consommateurs. Il nous raconte un moment qui l’a marqué lors d’un vol Copenhague-Chicago. Son voisin à côté de lui avait arrêté de fumer grâce à Nicorette. Il était très reconnaissant, puis à l’atterrissage, lui et sa femme sont venus le voir et lui ont dit : « Vous nous avez sauvé la vie ». Il précise : “Cela arrive assez souvent. Les gens sont reconnaissants d’avoir arrêté de fumer, surtout avec Nicorette.”
L’impact néfaste et avéré de la cigarette
Si Monsieur Ericsson croit tellement en ce qu’il fait, c’est qu’il connaît les conséquences dramatiques de la cigarette sur la santé.
D’après l’OMS, il y aurait aujourd’hui près de 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, dont 80 % environ vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. À elle seule, la Chine représente près d’un tiers des fumeurs dans le monde.
Ainsi, on estime que le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le monde.
Encore beaucoup d’efforts à faire pour un monde sans fumée
Bien que les politiques anti-tabac se renforcent à travers le globe et en dépit des effets négatifs avérés sur la santé et l’environnement, le marché demeure étonnamment stable. Selon l’institut d’études privé Xerfi, le marché mondial du tabac représentait en 2020 approximativement 1000 milliards de dollars, dont 744 pour les seules cigarettes, soit les ¾.
Afin de lutter contre ce phénomène et de limiter son impact, certaines scientifiques comme Monsieur Ericsson, cherchent à créer de nouveaux produits tels que les cigarettes électroniques, les patchs ou encore les sachets de nicotine.
Il nous explique que l’objectif de ces alternatives est simple : inciter les gens à réduire, voire arrêter la consommation de tabac, notamment en évitant la combustion, principale cause de cancers.
Nouvelle-Zélande et Suède, des politiques de lutte anti-tabac exemplaires
La Nouvelle-Zélande souhaite un futur sans tabac. Ainsi, une loi nommée “Environnement sans tabac” vise à interdire aux personnes nées en 2009 ou après d’acheter des cigarettes de façon légale.
Dans le même temps, le gouvernement prévoit de réduire la quantité de nicotine dans les produits disponibles à la vente et d’augmenter l’âge légal pour pouvoir fumer chaque année. Même si le taux d’adultes fumeurs est déjà relativement faible dans le pays, avec seulement 8%, l’objectif est d’arriver à moins de 5% de fumeurs, d’ici 2025, afin de devenir un pays considéré comme “non-fumeur”.
De son côté, l’Union Européenne a lancé un plan “Beating Cancer” et s’est fixée un objectif de 5 % de fumeurs d’ici à 2040.
Mais c’est l’exemple de la Suède qui revient le plus souvent. Avec son plan “Suède sans fumée 2025”, elle pourrait ainsi devenir le premier pays « sans fumée » d’Europe.
Pour en arriver là, la Suède a fortement misé sur les produits alternatifs à base de nicotine : la vapoteuse, mais surtout le snus.
Le snus est un petit sachet de tabac qui se place entre les dents et la gencive. Ce produit, interdit dans l’Union Européenne depuis 1992 sauf en Suède, est utilisé comme substitut à la cigarette.
Contrairement à la cigarette, il ne dégage pas de fumée et présente l’avantage de pouvoir afficher clairement le contenu du mélange sur la boîte. On relève ainsi l’absence de goudrons et d’autres produits chimiques nocifs, même si les conséquences sur la santé ne sont toutefois pas à négliger.
L’apparition du sachet de nicotine
Le sachet de nicotine se veut sans tabac. En effet, seule la molécule de nicotine, substance psychoactive recherchée par le consommateur, est présente dans le produit.
Pour ce faire, la nicotine est extraite des feuilles de tabac via un procédé chimique, puis transformée en poudre.
Thomas Ericsson, estime que faire des sachets de nicotine est assez simple : “Vous devez fabriquer de la nicotine en poudre ou quelque chose du genre et la mettre dans un sachet. Pas besoin d’être Einstein.”
Sachets de nicotine : un vrai défi juridique
Bien que la création de ce produit, ne représente donc pas de réel défi sur le plan technologique, il s’agit pour autant d’un défi juridique.
En effet, lorsque Thomas Ericsson effectue ses recherches sur la création du sachet de nicotine, le gouvernement Suédois ne voit pas ce produit d’un très bon œil. Ce dernier souhaite en effet garder le contrôle sur le marché du tabac. Ainsi, certaines institutions, comme l’Organisation de santé publique suédoise, s’opposent au sachet de nicotine. Monsieur Ericsson précise : “Nous avons essayé d’obtenir de l’aide, mais comme cela peut provoquer une dépendance, il s’agissait d’une question d’éthique pour les politiciens.”
Pourtant, pour Thomas Ericsson aujourd’hui le gouvernement favorable au snus et aux sachets de nicotine, car il a vite compris t que cela permettait de réduire le nombre de fumeurs. “Je pense qu’en fin de compte, les politiciens suédois ont totalement changé. 80 % d’entre eux sont pour le snus et les sachets de nicotine, bien qu’il y ait toujours des mouvements contestataires pour tout. Pourtant, la Suède est sur le point de devenir un pays sans fumée”.