L’histoire du tabac
Les premières graines de tabac sont rapportées en Europe en 1520. Au Portugal, quelques années plus tard, le tabac est cultivé et utilisé comme une plante médicinale. Jean Nicot est à cette époque ambassadeur de France au Portugal. Il envoie en 1561 des feuilles de tabac râpées à Catherine de Médicis, reine de France qui souffrait de migraines chroniques. A la suite de cela, elle lance les premières productions de plants de tabac pour une utilisation médicinale.
La consommation de tabac commercial à des fins récréatives, particulièrement avec la cigarette, arrive bien plus tard. D’abord rituel (chez les chamanes et autres peuples autochtones pour contacter les esprits) et thérapeutique, le tabac est ensuite devenu une habitude sociale perçue positivement, avant de finalement perdre en popularité avec les avancées scientifiques qui ont mis en évidence les aspects négatifs du tabac sur la santé. C’est donc grâce à la science que le fait de consommer du tabac est devenu impopulaire et que les alternatives nicotinées ont vu le jour pour permettre l’arrêt tabagique.
L’usage premier du tabac, à des fins rituelles et médicinales
Les peuples autochtones se servaient du tabac à des fins médicinales et rituelles. Ils offraient et brûlaient du tabac lors de cérémonies afin de créer un lien direct avec le monde spirituel. Dans l’usage traditionnel du tabac par ces peuples, l’inhalation de fumée était faible et il n’y avait pas l’inhalation de produits toxiques et dangereux, que l’on a aujourd’hui lorsqu’on consomme du tabac commercial. Dès son arrivée en Europe, le tabac commence ensuite à être cultivé à des fins médicinales. Le tabac est alors utilisé pour soulager les migraines.
Le tabac à fumer lorsqu’il était une norme sociale positive
La norme sociale correspond à un code de conduite établi dans une société ou un groupe social spécifique. Le domaine de l’action sociale est défini par les normes sociales qui définissent ce que l’individu peut ou ne peut pas faire. Les dirigeants politiques jouent un rôle essentiel dans l’acceptabilité sociale d’un comportement. A une époque, fumer était admis comme une norme sociale. Par tous les temps, ce sont les leaders d’opinion qui ont influencé le public. Ce sont les médias, les experts, les responsables politiques, les personnalités, qui jouent un rôle essentiel dans l’émergence et le développement des nouvelles normes sociales.
L’industrie du tabac à longtemps détourné les mots et leurs significations (liberté, plaisir…) à travers de grandes campagnes publicitaires ou par le biais de relais dans le domaine de la recherche, pour faire perdurer des idées erronées dans les esprits et les mentalités au sujet du tabac. L’objectif de ces stratégies était de rendre la consommation de tabac banale et même de la rendre inévitable. Plus tard, avec l’interdiction des publicités pour promouvoir le tabac, ils ont été contraints de revoir leur stratégie.
Le tabagisme devenu impopulaire, la lutte anti tabac s’intensifie
La convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac a été créée en 2003 à la suite de la mondialisation de l’épidémie de tabagisme et ratifiée par la France en 2004. Mais c’est avec la loi Veil du 9 juillet 1976, qui est le premier texte majeur à s’attaquer directement aux conséquences du tabagisme, que la norme sociale à propos du tabac s’inverse. La loi Veil se concentre principalement sur le contrôle de la publicité, instaure des interdictions de fumer dans certains endroits à usage collectif et impose que les paquets de cigarettes soient marqués de la mention Abus dangereux. Grâce à cette loi, la consommation de tabac qui était jusqu’alors en hausse a été stabilisée. Puis, avec la loi Évin du 10 janvier 1991, la lutte anti tabac s’est poursuivie, notamment en favorisant la hausse des cigarettes.
Commercialisation de la nicotine avec les premiers substituts nicotiniques
Le substitut nicotinique (ou traitement nicotinique de substitution) a été inventé dans les années 1970 par le chimiste suédois Ove Fernö, qui était persuadé que la nicotine était à l’origine de la dépendance au tabac. Il est apparu en France en 1984 sous la forme de gommes pour les hommes de la marine qui ne pouvaient pas fumer dans les sous-marins, puis en 1990 sous la forme de patchs. Au fil des années, les substituts nicotiniques se sont diversifiés : on peut désormais choisir entre les patchs, gommes, comprimés à sucer ou à faire fondre, les inhalateurs, les sprays, ou encore les alternatives comme les sachets de nicotine ou la cigarette électronique.
Sources :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5823003/
https://cnct.fr/ressource/post/une-pensee-faconnee-par-lindustrie-du-tabac/