Pendant le troisième trimestre de leur grossesse, 17,8 % des femmes enceintes continuent de fumer. En dépit des effets sur la grossesse et la santé de l’enfant (risque accru de complications, de retard de croissance intra-utérin, de malformations congénitales, de mort subite et d’asthme), il s’agit du taux le plus élevé d’Europe. En utilisant la littérature fondée sur les niveaux de preuve, le rapport d’experts a évalué les connaissances sur le tabagisme en cours de grossesse et élaboré les recommandations de prise en charge les plus adaptées. Éclairages.
Quels conseils pour la prise en charge du tabagisme des femmes enceintes ?
Les articles de la Revue systématique de la littérature internationale ont servi de base aux recommandations des experts. Ils ont trouvé des articles publiés entre janvier 2003 et avril 2019 dans les bases de données Cochrane, PubMed et Embase en utilisant des mots clés prédéfinis. Les études publiées en français ou en anglais ont été évaluées et classées en fonction de leur niveau de preuve et de leur force des recommandations selon la cotation proposée par la Haute Autorité de santé (HAS).
Observations du rapport d’expertise
Selon les observations réalisées au cours de ce rapport, tout conseil ou accompagnement comportemental semble apporter un bénéfice modéré au sevrage et un bénéfice modéré à la prématurité et au poids de naissance. L’exercice physique modéré n’a pas non plus eu d’effet significatif. Il est également souligné que l’évaluation de la concentration de CO dans l’air expiré ne modifie pas l’abstinence du tabagisme, mais cette mesure peut être utilisée pour initier un traitement. Enfin, il est recommandé d’utiliser les interventions d’entraide et de sensibilisation à la santé pour mieux aider les femmes à arrêter de fumer pendant la grossesse.
Le rapport a également souligné que le principal effet de l’utilisation de chicha pendant la grossesse est une diminution de la croissance fœtale. Il est donc conseillé de ne pas l’utiliser pendant la grossesse. Selon l’analyse de diverses publications, il est envisageable pour les femmes fumeuses d’allaiter leur bébé, même si le mieux reste de ne pas fumer du tout pendant la grossesse. Enfin, la littérature scientifique montre que les femmes fumeuses ont un risque plus élevé de rechute post-partum.
La prescription de substituts nicotiniques durant la grossesse
Toute femme enceinte qui n’a pas réussi à arrêter de fumer sans aide médicamenteuse peut recevoir une prescription de traitements de substitution nicotinique (TSN) ou se tourner vers une alternative sans fumée à base de nicotine. Le médecin traitant la femme enceinte en début de grossesse peut conseiller, orienter et prescrire à ce sujet. Il est recommandé d’utiliser des conseils et des techniques de sevrage tabagique déjà évalués, mais l’utilisation de la cigarette électronique par exemple, comme aide à l’arrêt du tabagisme, a permis à de nombreuses femmes enceintes de ne pas fumer pendant leur grossesse. Elles peuvent également opter pour des gommes ou des sachets de nicotine.
Conclusions du rapport d’experts sur le tabagisme pendant la grossesse
En conclusion, le tabagisme pendant la grossesse concerne des centaines de milliers de femmes et leurs enfants par an en France. C’est un problème de santé publique majeur. Les professionnels de santé doivent se mobiliser pour le réduire, notamment en orientant les futures mamans si nécessaire vers des alternatives nicotinées sans fumée.
Sources :
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468718920301586