Les substituts nicotiniques et la vape vus par un tabacologue

Les substituts nicotiniques et la vape vus par un tabacologue

Nicotine World est allé à la rencontre de Jacques Le Houezec, scientifique de formation et spécialiste des addictions. Depuis 40 ans, ce tabacologue étudie et enseigne au sujet de la nicotine.

Si Monsieur Le Houezec est aujourd’hui une référence en addictologie, il est également un pionnier dans l’étude de la nicotine. En effet, dans les années 80 il réalise sa thèse de science sur la nicotine et passe son diplôme de tabacologue. Lors de notre interview avec lui, il est revenu sur l’arrivée des substituts nicotiniques et de la vape comme nouveaux moyens de consommation de la nicotine.

Le rôle du tabacologue expliqué par Jacques Le Houezec

Nous avons demandé à Jacques Le Houezec de nous livrer sa vision du rôle du tabacologue. Pour lui, en tant que professionnel qui prend en charge des gens qui veulent arrêter de fumer, le suivi est un aspect très important du métier de tabacologue. Mais selon lui, il est également primordial que les autres professionnels de santé et les boutiques de vapes soient en mesure de conseiller. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a décidé d’intervenir auprès de ces publics pour les former.

« Fumer n’est pas une maladie »

Pour Jacques le Houezec, fumer n’est pas une maladie mais un comportement. Il nous explique qu’il est possible de décider d’arrêter, mais que pour arrêter il faut être aidé. Cela nécessite un sevrage tabagique, qui peut être très long. L’industrie pharmaceutique a longtemps eu du mal à se positionner sur le domaine d’addictologie. Initialement, les substituts nicotiniques étaient sous-dosés, par peur de produire un médicament qui aurait pu rendre dépendant. Pour l’addictologue, dire que les gens vont arrêter de fumer en trois mois est complètement illusoire car cela peut prendre plusieurs années.

La révolution des substituts nicotiniques

Pour le tabacologue, les substituts nicotiniques sont une révolution dans le sens où beaucoup de personnes se sont mises à arrêter de fumer sans qu’on leur demande et en y prenant du plaisir.

Selon Jacques le Houezec, ce sont là les clés du succès : l’absence de souffrance et le volontariat. Lorsque nous l’avons questionné sur la nicotine, il nous a livré qu’elle a des effets favorables sur certaines personnes. Il nous a également précisé que certaines d’entre elles ne pourront jamais se passer de nicotine et qu’il faut accepter qu’elles puissent en prendre à vie si c’est nécessaire. Pour lui, le plus important est que ça les éloigne du tabac et de la combustion.

En effet, il nous rappelle que ce qui tue dans le tabac, ce n’est ni le tabac ni la nicotine, mais bien la combustion. Le scientifique nous explique que n’importe quel végétal qui brûle va émettre exactement les mêmes composés : du goudron, du monoxyde de carbone et des particules fines solides qui vont avoir un effet sur le système cardiovasculaire et respiratoire. C’est aussi cette combustion qui va produire des substances cancérigènes qui pourront être à l’origine d’un cancer.

« Il faut limiter les effets néfastes liés à la combustion »

Les nouveaux modes de consommation de la nicotine et les substituts nicotiniques limitent grandement les effets néfastes liés à la combustion. Et ces alternatives peuvent être adaptées à un large public. Jacques le Houezec nous explique qu’une étude menée dans une maternité à Dublin, a montré qu’il n’y avait pas de différences sur les bébés entre des femmes exclusivement vapoteuses, comparé à des femmes non-fumeuses. En revanche, il nous rappelle que les bébés des femmes qui consomment du tabac pèsent environ 10% de mois qu’un bébé d’une femme non fumeuse. Pour lui, les solutions comme la vape et les patchs devraient être conseillés aux femmes enceintes qui veulent arrêter de fumer. Il faudrait faire évoluer les mentalités auprès des gynécologues, qui préfèrent selon lui interdire aux femmes enceintes les substituts nicotiniques et la vape, quitte à ce qu’elles fument quelques cigarettes pendant leur grossesse. Une erreur car les femmes enceinte métabolisent la nicotine deux fois plus vite, ce qui veut dire qu’il leur faut deux fois plus de nicotine.

Jacques Le Houezec et son combat pour la vape

Jacques Le Houezec est ce que l’on pourrait appeler un “pro-vape”. Il vape depuis 10 ans maintenant. A l’origine, c’était pour essayer et voir ce que ça donnait. Aujourd’hui, il en retire beaucoup de plaisir, ça me permet de connaître le matériel et de savoir de quoi il parle. Pour lui, la vape est une révolution car la plupart des gens qui s’y mettent arrêtent de fumer de leur plein gré. C’est à dire que grâce à la vape, les gens parviennent à arrêter de fumer même s’ils n’en ont pas nécessairement l’intention ou la volonté. De plus, il estime que les effets négatifs de la vape sont minimes en comparaison des effets ravageurs du tabagisme.

« Le niveau de risque lié à la vape est estimé à seulement 5% »

Le scientifique nous explique qu’il faut avoir un recul de 30 à 50 ans pour observer les effets. Mais à ce jour, selon le système de santé publique anglais et un certain nombre d’experts, le niveau de risque lié à la vape est estimé à seulement 5%. Il est très difficile de prouver un effet délétère de la vape chez les fumeurs, car s’ils ont une maladie quelconque, ce sera imputé à leur tabagisme.

Le tabacologue déplore un manque d’études autour de la vape

Pour mener une véritable étude, il faudrait donc une cohorte de non-fumeurs qui se mettent à vaper. Mais aucune étude dans ce sens n’a été menée jusqu’à aujourd’hui. Les seuls risques reliés à la vape viennent des Etats-Unis, où certains états ont légalisé le cannabis et d’autres pas. Il y a du trafic et certains ont introduit de l’huile de THC dans leur vape. Jacques le Houezec nous explique qu’introduire de l’huile dans des poumons peut affecter la respiration. Il s’est lui-même opposé à des tests qui concernaient l’ajout d’huiles essentielles dans la vape. Une hérésie selon lui. Il pense qu’en France nous avons de la chance d’avoir un grand nombre de fabricants de liquides qui font de très bons produits. Selon le tabacologue, il n’y a pas non plus de lien entre la consommation de la vape et celle de cigarettes classique. Dans tous les pays où il y a une hystérie sur le fait que la vape pourrait amener les jeunes à fumer, en particulier aux États-Unis, ils n’ont jamais eu un taux aussi bas de fumeurs parmi les jeunes. 

« L’avantage de la vape, c’est que le fumeur ne va pas voir un médecin ou un pharmacien »

Jacques Le Houezec nous partage que les dernières présentations du Ministre de la Santé sur le fait de mettre la vape en pharmacie, sont pour lui une hérésie contre laquelle il se bat depuis 2013. L’industrie pharmaceutique essaye de récupérer le produit, mais la majorité des fumeurs ne se sent pas malade et ne veulent pas passer par un système de santé pour arrêter de fumer. L’avantage de la vape, c’est que le fumeur ne va pas voir un médecin ou un pharmacien. Il se rend dans une boutique, où personne n’est là pour lui faire la morale et où il peut être conseillé.

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