L’interdiction de fumer et de vapoter dans les espaces publics est un sujet qui suscite des débats intenses à travers l’Europe, surtout depuis la récente proposition de la Commission européenne de bannir à la fois la cigarette traditionnelle et électronique des espaces extérieurs. Bien que l’interdiction du tabagisme dans ces lieux soit saluée comme une mesure de santé publique essentielle, il est crucial d’examiner séparément l’interdiction du vapotage.
La cigarette : un danger bien établi
La cigarette traditionnelle est depuis longtemps reconnue comme un danger majeur pour la santé publique. Le tabagisme passif, notamment, est responsable de maladies graves chez les non-fumeurs. Depuis 2007, la France a mis en place des restrictions importantes, interdisant de fumer dans les lieux fermés et couverts accueillant du public, tels que les bars, restaurants et transports en commun. Ces mesures ont permis de réduire l’exposition des non-fumeurs à la fumée, mais des espaces extérieurs, comme les terrasses, restent problématiques.
La Commission européenne, dans son plan de lutte contre le tabagisme 2023-2027, propose d’étendre cette interdiction à de nombreux espaces extérieurs, y compris les plages, les parcs et les terrasses des cafés et restaurants, afin de réduire davantage l’exposition au tabagisme passif. Cet effort est louable, car il cherche non seulement à protéger les non-fumeurs, mais aussi à inciter les fumeurs à abandonner cette habitude nocive.
Vapoter n’est pas fumer
Cependant, l’assimilation du vapotage à la cigarette traditionnelle dans ces recommandations européennes pourrait poser problème. Le vapotage, bien qu’il soit encore sujet à des études, présente des risques bien moindres que la cigarette en termes d’impact sur la santé publique, notamment pour les non-vapoteurs. Les e-cigarettes ne produisent pas de combustion, ce qui signifie qu’elles ne génèrent pas de fumée toxique ni de goudron, éléments responsables de nombreuses maladies liées au tabagisme.
La vapeur émise par une cigarette électronique est principalement composée d’eau et, bien que certaines études aient montré qu’elle contient des substances chimiques potentiellement nocives, elles sont présentes en quantité bien inférieure par rapport à la fumée de cigarette traditionnelle. De plus, les produits à vapoter sans nicotine, de plus en plus populaires, réduisent encore davantage les risques. Le danger pour les personnes alentour reste donc très faible en comparaison avec le tabagisme passif.
Une aide au sevrage tabagique
Un autre point crucial est que les cigarettes électroniques constituent un outil important dans la lutte contre le tabac. De nombreux fumeurs utilisent le vapotage comme une méthode de sevrage, car il permet de reproduire certains aspects de la gestuelle du tabagisme tout en réduisant progressivement la consommation de nicotine. Dans ce cadre, l’interdiction du vapotage dans les espaces publics pourrait avoir des effets contre-productifs, en dissuadant les fumeurs de choisir cette alternative potentiellement moins nocive.
Les tabacologues mettent également en garde contre une interdiction généralisée du vapotage, qui pourrait nuire à ces efforts de réduction des risques. Comme souligné dans un article récent sur RTL, beaucoup d’experts “sont unanimes pour assurer que l’interdire en extérieur n’aurait pas de justification scientifique. Ils redoutent même un retour vers le tabac”. Ils estiment qu’interdire le vapotage en extérieur reviendrait à freiner une transition vers des habitudes moins dangereuses pour la santé, tout en contribuant à une confusion entre deux pratiques très différentes.
Vers une réglementation nuancée
Plutôt que d’adopter une interdiction généralisée à la fois pour le tabac et le vapotage, il serait plus judicieux de traiter ces deux pratiques différemment. Interdire la cigarette dans les espaces publics extérieurs se justifie pleinement, notamment pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif. En revanche, il n’est pas nécessaire d’interdire également le vapotage dans ces lieux, tant que les preuves montrent que les dangers pour la santé publique sont minimes.
Une telle approche nuancée permettrait de protéger la santé des non-fumeurs tout en soutenant les fumeurs qui cherchent à se sevrer en utilisant les cigarettes électroniques. L’adoption de cette stratégie renforcerait les efforts de santé publique en Europe, tout en offrant une alternative pragmatique à ceux qui cherchent à arrêter de fumer.