Interviewé par nos équipes, Thomas Ericsson, connu comme l’inventeur du sachet de nicotine, nous apporte des précisions sur l’importance du dosage de la nicotine dans les produits nicotiniques.
Qu’est-ce que la nicotine ?
A l’occasion de cette entrevue, Mr Ericsson nous rappelle ce qu’est la nicotine. La nicotine est un composé chimique naturellement présent dans la plante de tabac, tout comme dans les plants de pommes de terre, de tomates, d’aubergines, et bien d’autres.
En effet, cette substance permet aux plantes de se défendre contre certains insectes et parasites. La nicotine a d’ailleurs été longtemps utilisée par l’Homme comme insecticide, avant d’être progressivement interdite dans la plupart des pays du fait de sa toxicité.
Une substance psychotrope présente dans les produits nicotiniques
C’est cette substance psychotrope qui est recherchée par les consommateurs de produits nicotiniques. En effet, dans le corps humain, la nicotine se fixe sur des récepteurs nicotiniques et agit sur le système de récompenses. Elle libère différents neurotransmetteurs, comme la dopamine, qui stimulent le centre du plaisir dans le cerveau, ce qui provoque chez la plupart des consommateurs des sentiments temporaires de détente et d’euphorie. C’est cette sensation relaxante qui rend dépendant à la nicotine.
Car si la nicotine en tant que telle ne présente pas de réel danger, elle est souvent consommée par l’intermédiaire de produits du tabac, qui eux, contiennent d’autres substances potentiellement nocives et cancérigènes.
La question de la dépendance à la nicotine selon Thomas Ericsson
Thomas Ericsson nous éclaire également sur le fait que l’utilisation chronique de la nicotine entraîne une certaine tolérance à cette substance, ce qui se traduit par une augmentation du nombre de récepteurs nicotiniques.
Ainsi, les consommateurs de nicotine doivent petit à petit augmenter les doses pour ressentir les effets, ce qui induit une certaine accoutumance ou dépendance.
Un fumeur à 10, voire 100 fois plus de récepteurs nicotiniques qu’un non-fumeur
Chez ce dernier, la nicotine sera bien souvent mal tolérée et peut provoquer des nausées ainsi que des vomissements.
La dépendance à la nicotine se joue principalement entre l’âge de 10 et 22 ans, lorsque le cerveau n’est pas fini d’être formé. Ainsi, une personne exposée à la nicotine durant cette période aura plus de risque d’accoutumance.
Cette dépendance à la nicotine peut être extrêmement difficile à surmonter en raison des symptômes de sevrage, qui peuvent inclure irritabilité, anxiété, difficultés à se concentrer et intense envie de fumer.
En moyenne, 1 cigarette contient 15mg de nicotine d’après Thomas Ericsson
Monsieur Ericsson, nous explique ainsi qu’en moyenne, une cigarette dans le monde contient 15 milligrammes de nicotine. Cependant, lorsque l’on allume une cigarette, une grande quantité de cette nicotine s’évapore dans la fumée dégagée à chaque bouffée. Toute la nicotine n’est donc pas inhalée, bien au contraire.
D’après les tests de tabagisme effectués en laboratoire, une cigarette permet d’absorber seulement 1 milligramme de nicotine. C’est ce qui est indiqué sur les paquets de cigarettes, alors que celles-ci contiennent bien 15 mg de nicotine. La quantité de nicotine absorbée va surtout dépendre de la manière donc la cigarette est consommée et varie donc selon chaque fumeur.
A contrario, Monsieur Ericsson explique que la marque la plus courante de snus suédois contient 8,4 milligrammes de nicotine. Mais chaque sachet libère entre 2,9 et 4 milligrammes, soit 50 % de la dose de nicotine contenu dans le produit.
Il en va de même avec les chewing-gums à la nicotine, qui permettent d’absorber environ 60 % de la teneur en nicotine.
Contrôler le dosage, pour contrôler la dépendance
Ce que Thomas Ericsson souhaite nous faire comprendre c’est que ce qui compte c’est la libération de nicotine. Il est donc important de connaitre la quantité de nicotine absorbée et en combien de temps afin de faire un état des lieux de sa consommation.
En effet, la nicotine inhalée par le biais d’une cigarette atteint le cerveau en 9 à 20 secondes après chaque bouffée. Mais la nicotine disparaît en moins d’une heure, ce qui incite à fumer toutes les 45 minutes approximativement, afin d’obtenir une dose constante.
De ce fait, les patchs nicotiniques sont une bonne façon d’arrêter de fumer. Ils permettent de réguler la dose de nicotine absorbée en la diffusant de manière continue sur 24h. Vous pouvez ainsi choisir entre 7mg/24h, 14mg/24h ou 21mg/24h en fonction du nombre de cigarettes que vous fumez par jour.
Le niveau de nicotine : meilleur moyen de contrôler la dépendance
Ainsi, lorsque Monsieur Ericsson a développé les sachets de nicotine de la marque On! aux États-Unis, il a tenu à ce que ceci ne dépassent pas 6 milligrammes de nicotine par sachet.
Pour lui, le niveau de nicotine est le meilleur moyen de contrôler la dépendance, mais aussi le marché. En effet, tout comme pour l’alcool, ils souhaitent que les produits nicotiniques soient taxés en fonction du niveau de nicotine.
Il explique : “Nous avons différentes taxes sur l’alcool en Suède. Vous payez moins de taxes pour le vin que pour les alcools forts, et encore moins pour la bière, en fonction de la teneur en alcool. Je pense donc que c’est le seul moyen pour réduire la dépendance à la nicotine”.
« Les produits avec moins de 6mg ne devraient pas être taxés »
Pour lui, les produits contenant moins de 6 milligrammes de nicotine ne devraient pas être soumis aux taxes. Tandis que les produits contenant 10 milligrammes et plus devraient être fortement taxés.
Aujourd’hui, son objectif principal est d’aider le gouvernement suédois à contrôler la dose de nicotine, car c’est la seule manière d’aider les gens à arrêter de fumer.
“J’essaie d’aider à avoir de moins en moins de nicotine, parce que par exemple, en Russie, il n’y a aucun contrôle et il y a tellement de nicotine dans certains produits que des jeunes en sont morts.”
Thomas Ericsson appelle à consommer de la nicotine sans excès
Ainsi, pour diminuer la dépendance, la meilleure solution est de consommer de la nicotine sans excès et sans pic, en réduisant petit à petit la dose. Cela permet de faire baisser naturellement le nombre de récepteurs nicotiniques et donc la sensation de manque. Les patchs et autres produits nicotiniques permettent de contrôler la dose de nicotine absorbée et ainsi de lutter contre l’envie de fumer.