Karl Fagerström est un psychologue suédois et un spécialiste de la lutte contre le tabagisme. Il est surtout connu pour ses travaux sur les dépendances, et notamment la dépendance à la nicotine. Il est le créateur du test de Fagerstrom, un outil d’évaluation de la dépendance physique à la nicotine. Nicotine World est parti à sa rencontre pour l’interviewer. Il revient pour nous sur ses travaux concernant l’addiction à la nicotine, récompensés par l’Organisation mondiale de la santé.
La nicotine selon Karl Fagerström
Karl Fagerström explique que la nicotine, ou plutôt le tabac, est la deuxième drogue la plus consommée au monde. La caféine, que l’on trouve dans le café et le thé, sont largement consommés, mais la nicotine du tabac arrive juste après. Les gens l’utilisent depuis des milliers d’années et en retirent un certain plaisir, ainsi que des effets positifs. Le spécialiste nous rappelle que les effets négatifs, comme le cancer, ne proviennent pas de la nicotine, mais bien du processus de combustion. Les fumeurs fument principalement pour la nicotine, mais ce n’est pas ce qui leur donne le cancer. Les maladies respiratoires et même les maladies cardiovasculaires découlent du processus de combustion.
Karl Fagerström et la dépendance à la nicotine
En 1975, Karl Fagerström a travaillé avec des toxicomanes. La plupart d’entre eux fumaient et lui ont donné des informations qui l’ont surpris. D’après leurs expériences, il s’avérerait aussi difficile d’arrêter de fumer que d’arrêter de prendre des opioïdes, des amphétamines ou quoi que ce soit d’autre. Sur ces révélations, et avec un certain scepticisme, il décide alors d’approfondir la question. Il arrive à la conclusion que les cigarettes ont un potentiel de dépendance beaucoup plus élevé qu’il ne le pensait. En 1976, il crée la Clinique des fumeurs en Suède et rédige sa thèse sur la dépendance à la nicotine et le sevrage tabagique. À l’époque, Karl Fagerström travaillait pour une société pharmaceutique qui développait des produits de remplacement de la nicotine. Il s’agissait des tout premiers substituts nicotiniques. En 1997, il a reçu la reconnaissance de l’Organisation mondiale de la santé pour ses recherches dans ce domaine. Il lance alors sa propre recherche clinique et cherche à développer le premier sachet de nicotine sans tabac, ainsi que d’autres médicaments pour toutes sortes de dépendances.
Le célèbre test de Fagerström
En 1975, la nicotine n’est pas un vrai problème. Il s’agit plutôt d’une mauvaise habitude dont il est difficile de se défaire. Pourtant, Karl Fagerström constate que la nicotine agit comme une drogue. Il fait des recherches sur le sujet et découvre que la notion de dépendance à la nicotine a déjà été identifiée auparavant, notamment par le professeur britannique Michael Russell. À l’époque, en tant que clinicien, il aidait certains de ses patients à arrêter de fumer. Mais Karl Fagerström a voulu aller plus loin. Il voulait savoir dans quelle mesure la dépendance était liée à la dépendance pharmacologique. Pour cela, il a estimé qu’il lui fallait un outil de diagnostic. Pour lui à l’époque, le problème résidait dans le fait que les médecins s’intéressaient à l’addiction, mais pas au niveau de dépendance. Karl Fagerström voulait connaître le degré de dépendance à la nicotine, afin de pouvoir préciser le traitement et sa durée.