Semaine nationale contre le cancer : Réduction des risques et les alternatives – Interview avec le docteur Dr Jasjit S. Ahluwalia

Semaine nationale contre le cancer : Réduction des risques et les alternatives – Interview avec le docteur Dr Jasjit S. Ahluwalia

Dr Jasjit S. Ahluwalia, médecin et chercheur en santé publique à l’Université Brown, consacre sa carrière à l’étude et à la lutte contre la cigarette combustible depuis plus de trente ans.

Spécialiste du sevrage tabagique chez les populations vulnérables et les minorités ethniques, il étudie aussi les inégalités en matière de santé. Son expertise clinique et sa rigueur scientifique offrent un éclairage précieux sur les stratégies de réduction des risques liés au tabagisme.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Jasjit Ahluwalia, professeur à l’école de santé publique de l’université Brown et à l’école de médecine Warren Alpert. Je suis également directeur adjoint de CADRE, un centre financé par les NIH dédié à la toxicomanie et aux maladies chroniques.

Depuis plus de 30 ans, je me spécialise dans la dépendance à la nicotine et le sevrage tabagique. Mon travail met l’accent sur les populations vulnérables et les minorités ethniques. J’utilise différentes approches, comme les essais cliniques, la recherche qualitative et l’épidémiologie clinique, pour améliorer les stratégies d’aide à l’arrêt du tabac.

Parallèlement, mes recherches portent sur les disparités en santé et le racisme. J’analyse leurs impacts sur les minorités pour mieux comprendre et combattre ces inégalités systémiques. Tout au long de ma carrière, j’ai défendu l’idée que la médecine repose sur un équilibre entre science, expérience et pragmatisme.

Dans le cadre de la Semaine nationale contre le cancer, que recommandez-vous pour la prévention des cancers liés au tabagisme ?

Plusieurs actions sont possibles. D’abord, il faut empêcher les gens de commencer à fumer du tabac combustible ou d’autres produits associés aux cancers.

Ensuite, pour les fumeurs actuels, nous devons les encourager à arrêter. La meilleure approche combine un accompagnement (via un conseiller ou une application) et une pharmacothérapie. La nicotine est très addictive. Les options incluent la substitution nicotinique, CHAMPX ou Zyban.

Enfin, pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas arrêter, nous ne devons pas les abandonner. Les preuves montrent que les produits nicotiniques à faible risque sont efficaces. Par ordre croissant de risque : sachets de nicotine, vapotage/cigarettes électroniques (terme inapproprié, car ce ne sont pas des cigarettes) et tabac chauffé. Ce dernier chauffe le tabac à 300°C sans le brûler.

Encourager les fumeurs à utiliser ces alternatives s’ils ne peuvent pas arrêter est une démarche intelligente. Cela réduira considérablement leur risque de développer un cancer.

Pensez-vous que les campagnes de prévention devraient mettre davantage l’accent sur la réduction des risques plutôt que sur l’arrêt du tabac ? Une meilleure intégration des alternatives dans les messages de prévention pourrait-elle sauver plus de vies ?

Cette question est mal formulée, car il existe plusieurs niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire.

La prévention primaire vise à empêcher les jeunes de commencer à fumer. Ici, il est plutôt question de prévention secondaire et tertiaire, pour les fumeurs actuels. En tant que médecin, je recommande toujours l’arrêt complet en priorité.

Aux États-Unis, les produits d’aide au sevrage sont évalués comme « sûrs et efficaces ». En revanche, les produits nicotiniques alternatifs suivent un processus différent. Ils sont examinés par le Center for Tobacco Products, qui décide s’ils sont « Adaptés à la protection de la santé publique » (APPH).

C’est un concept novateur. Pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas arrêter, ces produits réduisent considérablement les risques. Au Royaume-Uni, ils sont considérés comme 95% plus sûrs que les cigarettes. Que ce soit 95%, 80% ou 92%, l’essentiel est qu’ils sont nettement moins nocifs que les cigarettes combustibles.

Ces produits reçoivent une autorisation de mise sur le marché (PMTA). Cela diffère d’une approbation qui impliquerait une validation de sécurité. La FDA autorise simplement leur vente légale pour réduire les risques individuels.

L’intérêt individuel doit primer sur la question de la « menace pour la santé publique » liée à l’usage des jeunes. L’utilisation des sachets de nicotine, du vapotage et du tabac chauffé conduira à de meilleurs résultats et sauvera des vies.

Depuis 32 ans, les chiffres restent alarmants. « 420 000 Américains meurent chaque année du tabagisme ». La prévalence a diminué, mais la croissance démographique maintient ce chiffre élevé.

Le cancer ayant un temps de latence de 20 à 30 ans, nous verrons bientôt une diminution des cancers du poumon dans certains pays. La Norvège, par exemple, compte moins de 5% de fumeurs. Ce processus peut être accéléré en encourageant non seulement l’arrêt, mais aussi l’utilisation de produits à risque réduit.

N’oublions pas que la principale cause de mortalité reste la maladie cardiovasculaire. Remplacer la cigarette par des alternatives réduit aussi ce risque.

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