Dans cette interview avec Didier Gonin, buraliste et fondateur de La Galline Formation (LGF), nous explorons son parcours depuis l’introduction de la cigarette électronique dans son bureau de tabac il y a environ huit ans jusqu’à la création de son centre de formation pour buralistes, vape shop, CBD shop et demandeurs d’emploi. Didier partage également sa perspective sur l’importance de former les buralistes et l’évolution du métier, offrant un aperçu unique de son expérience personnelle en tant que professionnel de la vape et de ses observations sur les tendances émergentes dans l’industrie du tabac.
Pourquoi avoir choisi la vape et pourquoi avoir créé ce centre de formation?
Il y a environ huit ans, j’ai introduit la cigarette électronique dans mon bureau de tabac, attiré par son potentiel économique. A l’époque, je ne comprenais pas vraiment ce qu’était la vape et je vendais un produit dont je ne connaissais ni le fonctionnement ni les implications. Cette ignorance a rapidement engendré de la frustration, car je souhaitais offrir le meilleur service possible à mes clients et consommateurs, d’autant plus que j’étais moi-même fumeur.
Pour combler ce manque de connaissances, je me suis tourné vers un centre de formation pour en apprendre davantage sur la vape. Malheureusement, bien que le formateur ait tenté d’expliquer les bases de la vape, il y avait un problème au niveau de la pédagogie. Avec mes douze années d’expérience en tant que manager chez McDonald’s, j’ai réalisé que je pouvais apporter une approche pédagogique plus efficace.
C’est ainsi que j’ai décidé de me renseigner davantage sur la vape en me rapprochant des quelques buralistes spécialisés dans ce domaine et en consultant des ressources en ligne.
J’ai ensuite racheté la boulangerie voisine pour en faire un centre de formation, juste derrière mon bureau de vente de vapes. Ma victoire au concours Buralistes Story, m’a ensuite permis d’annoncer la création de mon centre de formation, suscitant un intérêt immédiat.
Même avant l’ouverture officielle, plusieurs personnes se sont tournées vers moi pour se renseigner, ce qui a confirmé la forte demande dans ce secteur. Ainsi, j’ai créé en 2021 le premier centre de formation sur la vape : La Galline Formation.
Quels sont les objectifs de ce centre ?
Le principal objectif est d’aider les buralistes et les vape shops à se professionnaliser tout en changeant la vision péjorative de la nicotine et le vapotage qui est toujours très présente.
Selon les résultats du Baromètre cancer 2021 (publié fin 2022), environ 80% des Français pensent que la cigarette électronique est nocive et dangereuse. Il y a toujours un amalgame fort fait entre nicotine et combustion.
Aujourd’hui plus de 360 personnes, dont des buralistes, des demandeurs d’emploi et des propriétaires de vape shops, assistent à nos formations. Nous avons également établi des partenariats avec douze acteurs internationaux de la vape dans le but de continuer à professionnaliser et responsabiliser l’industrie de la vape.
Quels sont les défis actuels dans le monde de la vape concernant la nicotine ?
Le principal défi est qu’il y a un manque d’information sur la nicotine ce qui enrichit les stéréotypes et nourrit les amalgames.
De plus, il n’existe pas assez de formations sur la nicotine et les alternatives au tabac pour les buralistes.
Le métier de buraliste est un métier de débit, mais il se doit de se renouveler aujourd’hui afin d’être un métier de conseil.
Pouvez-vous nous présenter les formations dispensées à La Galline Formation ?
Nous avons une formation de niveau 1 réalisable en 2 jours qui est certifiée Qualiopi et AFNOR.
Nous couvrons les bases du vapotage, y compris la compréhension de la nicotine et des alternatives disponibles. En outre, nous détaillons le fonctionnement des machines, les étapes d’entretien essentielles, et les précautions à prendre lors de leur utilisation. Nos formations incluent également des compétences pour comprendre les besoins des clients, recommander le matériel approprié, résoudre les problèmes potentiels et offrir un service après-vente de qualité.
De plus, nous formons nos participants sur les spécificités des liquides, les aiguillant pour choisir le taux de nicotine adéquat et régler correctement les machines en fonction des résistances.
Enfin, nous les guidons dans la création d’une gamme de produits répondant aux attentes de leur clientèle.
En février, nous avons inauguré notre premier programme de formation sur le CBD.
Aujourd’hui, alors que les buralistes cherchent à se diversifier et à s’adapter à un marché de proximité en évolution, nous sommes là pour les accompagner.
Comment la formation aide-t-elle les professionnels à rester à jour avec les dernières recherches, pratiques et produits ?
La formation fournit des informations sur les autres alternatives au tabac fumé et ne se focalise pas que sur les vapes. On parle par exemple des sachets de nicotines, des gommes à mâcher, des patchs…
Ce sont des modules intégrants de la formation, car le choix du substitut dépend des besoins des consommateurs et de leurs niveaux d’addiction. Il est important de pouvoir les accompagner à faire un choix éclairé.
Par exemple, si un vapoteur souhaite arrêter de vapoter, le buraliste peut lui conseiller d’opter pour des sachets de nicotine. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons reconduit la formation de niveau 1 afin d’intégrer un plus large panel d’alternatives et donc de permettre aux buralistes d’accompagner les consommateurs plus efficacement.
De quelle manière la formation peut-elle contribuer à améliorer la sécurité et l’efficacité des produits à base de nicotine ?
Elle peut le faire en expliquant les réglementations et en responsabilisant les acteurs de la filière. La base de notre formation est la sécurité.
Nous abordons les principes de précaution par rapport à l’utilisation du matériel, à la consommation de l’individu, aux législations en vigueur et aussi par rapport à ce qui pourrait arriver dans le futur en prenant exemple sur nos pays voisins.
Elle est donc importante pour alerter les conseillers et insister sur la nécessité d’un accompagnement précis et clair afin de gagner la confiance des consommateurs, allant ainsi au-delà de la simple motivation lucrative pour ces professionnels.
Quelles évolutions voyez-vous au métier de buraliste ?
Il est devenu essentiel pour les professionnels de la vape de diversifier leurs compétences tant dans le domaine du savoir-être que du savoir-faire, ce qui constitue actuellement un véritable défi en matière de professionnalisation. Il est impératif de mettre en place des formations pour répondre à ce besoin croissant.
Il est également crucial d’observer les défis rencontrés dans les pays voisins et d’apprendre de leurs expériences pour anticiper les éventuelles réglementations restrictives telles que les taxes et les interdictions. En responsabilisant la filière, nous pouvons éviter ces problèmes potentiels et protéger à la fois les intérêts des clients et la viabilité de la profession.
L’aspect pédagogique des métiers de la vape représente une opportunité majeure pour l’avenir. En développant des programmes de formations solides, nous pouvons non seulement améliorer la qualité des services proposés, mais aussi négocier avec les gouvernements pour garantir une réglementation équilibrée qui protège les clients, démystifie les préjugés et assure la pérennité de la profession.